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Page:Marinetti - La Ville charnelle, 1908.djvu/143

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L’AURORE JAPONAISE

Avec un bruissement d’astres multicolores,
Et des frissons sonores d’étoiles submergées
Et le hennissement des Hippocampes bleus.

L’air avait la couleur du safran et des perles.

La campagne rampait dans la torpeur de l’aube,
Avec le crissement des jonques sur la plage
Et leurs hâleurs courbés sous le serpent des câbles…
La campagne rampait vers les monts d’émeraude
Avec le bruit de tôle et de marteaux dorés
Que font les pieds carrés des mousmés sur la pierre…

Vêtue de rayons neufs et d’une senteur chaude,
La campagne étirait les bras de ses rivières ;
Elle enfonçait au fond des lacs, au fond des mers,
Les doigts de ses ruisseaux tout bagués de vipères,
Comme en des bassins d’or gorgés de pierreries.

Puis elle trottina vers le grand baldaquin