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Page:Marinetti - La Ville charnelle, 1908.djvu/148

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LA VILLE CHARNELLE

Je bondis loin des villes
vers les flots puérils qui jasent, jouent,
et s’émerveillent en égrenant le sable d’or
et les cailloux plus lumineux que des bijoux !…

Or voici, par delà les collines ocreuses,
sur la désinvolture argentée des rivières
et leurs nœuds scintillants de couleuvre,
les Étoiles surgissent,
avec l’éclat prodigieux de leurs visages,
et le troublant froufrou de leurs robes d’azur.

C’est ainsi que s’évadent dans le chaste soir d’été
les courtisanes, hors de leurs gîtes ténébreux,
après leurs longs sommeils de boue et de nausée,
à l’heure morne où l’antique Nuit voûtée,
à tâtons, s’empare des sentiers bleus,
et les disloque et les défonce…