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Page:Marinetti - La Ville charnelle, 1908.djvu/15

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LA VILLE CHARNELLE

qui viennent de partout plier leurs vieux genoux !…

Oh ! rouges sont tes portes, toutes rouges des cœurs
pendus en ex-votos sur tes vantaux d’ivoire !
Oh ! rouges sont tes portes, toutes rouges d’avoir
broyé à leur passage des épices grisantes
tassées jadis sur des chariots par les sorciers d’Égypte,
et dont fut parfumé le clair linteau de nacre.

Oh ! rouges sont tes portes, rougies par les massacres
où de noirs conquérants sont venus culbuter
leurs corps géants d’ébène et leurs musculatures !…
Oh ! rouges sont tes portes, toutes rouges du sang
que les mendiants d’amour, assoiffés de tortures,
ont versé sur ton seuil hors de leurs plaies impures
qu’avait empoisonnées l’haleine du désert !…
Oh ! rouges sont tes portes, pour avoir étranglé
dans l’entrebâillement affamé des vantaux,
les oiseaux de Boukir, qui viennent chaque été