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Page:Marinetti - La Ville charnelle, 1908.djvu/153

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LES COURTISANES D’OR

et mes luxures idéales, tandis que vous passez,
Étoiles triomphales, Courtisanes sublimes,
sur les cimes lointaines, et moelleusement
vous traversez les plaines dont les moissons fléchissent
ainsi qu’un opulent tapis persan
sous la paresse exténuée de vos sandales.
Eh bien, soit ! me voici debout, ô Courtisanes !…
Puisque vous le voulez, je me livre ! Approchez !…
Braquez insensément vos prunelles obscènes !
C’est moi, c’est moi, celui que vous cherchez !
Voici ma chair et voici sa tristesse !…
Et puis voici l’ennui de mon vieux cœur…
immensurable ennui… de quoi suffoquer l’âme
puissante de la Terre !…

Écoutez !… Écoutez !… La mer a des soupirs
de volupté qui se propagent au long des plages…
Écoutez !… Les vents défaillent
tels de mols éventails surpris de lassitude !…