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Page:Marinetti - La Ville charnelle, 1908.djvu/180

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LA VILLE CHARNELLE

Au fracas des abois de ta voix…
voilà que le Soleil couchant emboîte
ton pas véloce, accélérant sa palpitation
sanguinolente au ras de l’horizon…
Il galope là-bas, au fond des bois… regarde !…

Qu’importe, beau démon ?…
Je suis à ta merci… Prends-moi !
Sur la terre assourdie malgré tous ses échos,
sous le ciel aveuglé malgré ses astres d’or,
je vais exaspérant ma fièvre et mon désir
à coups de glaive en pleins naseaux !…
Et d’instant en instant, je redresse ma taille
pour sentir sur mon cou qui tressaille
s’enrouler les bras frais et duvetés du vent.

Ce sont tes bras charmeurs et lointains qui m’attirent !
ce vent, c’est ton haleine engloutissante,
insondable Infini qui m’absorbes avec joie !…
Ah ! Ah !… des moulins noirs, dégingandés,