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Page:Marinetti - La Ville charnelle, 1908.djvu/191

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À GUSTAVE KAHN

Ô Génie africain dont l’âme ensoleillée
pavoisa de lumière les brumes parisiennes,
tu fus sans doute en quelque vie lointaine
un langoureux poète arabe aux yeux mi-clos,
assis, jambes croisées, sous un vieux sycomore,
que le soir remplissait d’un tumulte sonore
d’étoiles et d’oiseaux.

La volage fumée des blondes cigarettes
prolongeait vaguement ta barbiche narquoise,
se mêlant aux nuages pensifs de tes yeux
qui se souviennent des turquoises de la mer.
Avec un lent dandinement de ton torse voûté,
qui fait baller le pompon noir de ton tarbouche,