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Page:Marinetti - La Ville charnelle, 1908.djvu/208

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LA VILLE CHARNELLE

et bondit d’un élan explosif d’hirondelle,
culbutant dans le noir son grand vol suicide.

Les vierges folles voudraient jongler
et se tenir en équilibre sur les rayons obliques
du couchant… et monter par-delà l’écrasante
chaleur, pour boire enfin au cœur frais du Soleil.

Parfois dans la touffeur de leur sommeil
elles jouissent sous des lointains baisers…
accroupissant, comme un avare,
leur corps, sur le trésor volé de leur luxure !…

Mais elles se réveillèrent bouche bée, quand la lune
énorme et jaune en fusion, pivote à l’horizon
pour polir ses flancs clairs sous les mains de la brise,
comme un vase d’argile sous les doigts d’un potier.
Puis lentement la lune sanctifie les montagnes…