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Page:Marinetti - La Ville charnelle, 1908.djvu/209

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DITHYRAMBES

Elle argente la courbe des sons dans l’air…
C’est une flûte
dont la chanson aiguise et cisèle un nuage !

Aussitôt sous le vent de l’inspiration,
l’île en fleurs de votre âme voudrait se détacher
du lit bourbeux, et s’en aller vers l’estuaire…

Mais la flûte se tait sous le fracas éclaboussant
d’une pesante chevauchée qui mêle à ses fanfares
des cliquetis et des froufrous de traînes argentées.

Et l’eau du gué tranquille et puérile, qui dormait
en allongeant les bras tremblants de ses reflets,
se réveille en criant : « Je vois !… je vois Yeldis
et son amant qui chevauchent
dans les remous du fleuve,
vers un baiser assouvissant, couleur de l’impossible ! »