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Page:Marinetti - La Ville charnelle, 1908.djvu/217

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DITHYRAMBES

de cette femme en feu qui chante pour les astres,
et dont le corps vibrant semble claquer au vent
de l’inspiration — comme un drapeau
sur la hampe raidie d’un orgueil implacable !

Que pouvez-vous me dire de sa sensualité,
de moire déchirée et de brûlant velours,
qui crépite et froufroute avec suavité ?
Essayez donc d’analyser l’envoûtement
de son style charnel aux pâleurs levantines,
la somnolente rêverie de ses strophes d’amour,
chargées d’aromes violets
si pénétrants, si doux, que l’on savoure
à les chanter — les yeux mi-clos — un rêve
de terrasses bariolées sur la mer africaine,
et des tam-tams précipités
de nègres au grand rire éclaboussant de joie…
et des chansons mourant sur un golfe de soie
bleuâtre, dans l’extase d’un vaste soir d’été.