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Page:Marinetti - La Ville charnelle, 1908.djvu/224

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LA VILLE CHARNELLE

déjà lasse de lutter
sur le remous tenace qui l’absorbe en douceur.

Ballades, filles-fleurs, dont la bouche a le goût
de la sorbe mielleuse, voilà que la cascade
de vos éclats de rire réveille au fond des bois
le poète assoupi sur son frais lit de mousses
qui fut bercé par la plus belle des Étoiles.

Il vient à vous, les yeux au ciel,
en vous tendant les bras,
et vous ouvrez la chaîne pour mieux tourbillonner
tout autour de son cœur qui refleurit d’ivresse ;
et, le long des jours clairs, vous suivez les sursauts
de sa voix qui sanglote et soupire d’amour,
chantant le cliquetis des épées légendaires,
le nonchaloir des châtelaines à leurs balcons lunaires,
les longs baisers coupés par l’éclair des poignards,
la nostalgie des îles arrosées de bonheur
et de sommeil, où l’on débarque, en rêve, chaque nuit !