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Page:Marinetti - La Ville charnelle, 1908.djvu/225

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DITHYRAMBES


Mais l’incendie fumeux du couchant engloutit
la silhouette errante et noire du poète…
Lors, vous reprenez vos rondes vaporeuses,
Ballades nostalgiques, au beau milieu de la clairière,
parmi le vif argent du triste clair de lune
qui lentement ruisselle sur le vaste feuillage
et les rameaux de bronze de la forêt magique.

Vous répétez d’une voix pénombrée
les chansons du génie mêlées d’angoisse et de folie,
cependant que vos pas menus écrivent,
sur le sable, les vives paroles du désir
qui jailliront demain, pour vos amants,
de la source des lèvres…

Et lentement vos lisses chevelures
imitent l’abandon paresseux des nuées
et leur façon de s’enlacer, et leur langueur
à dénouer, le soir, avec délice, leurs ceintures
de pudeur légère, avant de se plonger
toutes nues dans le bain tiède et parfumé des mers…