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Page:Marinetti - La Ville charnelle, 1908.djvu/234

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LA VILLE CHARNELLE

les noirs échafaudages interrompus d’une ville naissante s’accrochaient éperdument aux nuages.

Quelques instants après, des nègres s’avancèrent en traînant un grand jaguar métallique encore engourdi de sommeil. Vite, on lui frotta à tour de bras le poitrail à manivelle. D’autres jouaient sur les graisseurs de sa croupe pour calmer les prurits de la bête.

Enfin, dans ses poumons ajourés et sonores, se déchaînèrent de turbulents catarrhes et de profonds mugissements.

En même temps des mécaniciens poussaient sur la route du circuit trois chars étranges aux formes agressives. On eût dit d’énormes revolvers à quatre roues. L’un des mécaniciens expliqua :

— Ce sont les projectiles qui font marcher les engrenages, en jaillissant coup sur coup du canon de ce revolver. Tenez !… Je me courbe en chien de fusil sur le tambour plein de cartouches… Mon pied touche la gâchette… Ô gué ! Je pars tout seul !…