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Page:Marinetti - La Ville charnelle, 1908.djvu/235

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LA MORT TIENT LE VOLANT

Dans la pénombre rousse des hangars, rongée de pâleurs mauvaises, apparut ensuite le profil d’une tortue monstrueuse tiraillée par des forbans coiffés de rouge.

Celui qui enfourcha la carapace déclara :

— Moi, j’ai de la dynamite entre les jambes et sous le nez !… C’est pourquoi je ne cours pas, je saute !… Un truc épatant ! Car plus ça éclate et plus ça va vite !…

Et cependant des cow-boys lancèrent au grand galop deux cavales d’acier aux naseaux tonnants. Ils les montaient à cru, en se tenant sur le derrière de la bête, cramponnés au volant comme à une crinière.

Tous narguaient un planteur bedonnant qui voulait courir aussi. Mais avec une aisance grave et méprisante le planteur s’ouvrit le ventre, puis il mit le tuyautage de ses entrailles torrides à nu, sans capot, dans une grande brouette qu’il poussa à toute vitesse.

Alors, jaguars métalliques au pelage de braise, cava-