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Page:Marinetti - La Ville charnelle, 1908.djvu/238

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LA VILLE CHARNELLE

— Voici ton ennemi : l’Espace !… l’Espace devant toi !… Tue-le donc !… Décharge-toi sur lui à brûle-pourpoint !…

Les bombes galopantes éclataient sur tous les points du circuit, omniprésentes et rancunières comme les drapeaux rouges d’une révolution.

Le levain de l’enthousiasme général gonflait bizarrement la pâte du terrain, dont la croûte brune se lézardait de joie.

La folie souffla si violemment dans le pneumatique immensurable du circuit, qu’il prit la forme d’un colimaçon, montant en vis vers le Zénith, dont le plafond nuageux était troué çà et là par les curiosités du Soleil.

Et les chauffeurs mêlaient leurs cris déments :

— Plus vite que le vent ! Plus vite que la foudre !… Plus vite que le curaro lancé dans le circuit des veines !… En vérité… en vérité, on peut bien lancer sa machine sur la cascade de l’averse, en montant vers les nues à grands coup de moteur !… Sur l’arc-en-ciel !…