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Page:Marinetti - La Ville charnelle, 1908.djvu/28

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LA VILLE CHARNELLE

j’obéis aux conseils de la brise naïve…
Mon cœur enveloppé par les tièdes murmures
des ruisseaux amoureux, vient d’oublier l’horreur
effrénée des voyages et la bouche éclatée
des horizons engloutisseurs.

J’entends déjà tes frais éclats de rire
sous le gazon !… Enfin je te savoure
et sans te voir je puis te boire
dans ta voix argentée qui baigne les échos,
ô divine fontaine qui murmures ta joie
lente et frileuse et tour à tour brûlante !…

Voici tes belles rives arrondies, fléchissantes
et lisses comme des cuisses
aux duvets chatouilleux !
Non, vrai, ton parfum bleu m’enlace,
et je dois bien m’agenouiller pour approcher mes lèvres
de ta bonne chaleur persuasive.