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Page:Marinetti - La Ville charnelle, 1908.djvu/30

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LA VILLE CHARNELLE

qui partout secouait le grand corps de la Ville.
Ses cuisses granitiques
bondissaient, par instants, plus haut que les coupoles
des mosquées vénérables ;
et les deux rues, s’entrecoupant en forme d’X,
comme deux bras croisés sur la poitrine,
s’ouvrirent tout à coup, en se tordant
à droite à gauche des minarets pointus,
dont les drapeaux claquaient au vent rouge du diable.

Longtemps, longtemps, grisé par les frissons de joie
que j’imprimais aux fondements de la ville charnelle
j’enfonçai mon visage dans la grotte vermeille.
Le plaisir souterrain déferlait à miracle
du fond des cuisses blanches jusqu’au ventre éclatant,
toujours plus haut, de tous côtés, précipitant le rythme
et le doux gonflement des mamelles glorieuses
qui ruissellent d’une sueur précieuse.
Longtemps je m’acharnai parmi la chaleur fauve,