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Page:Marinetti - La Ville charnelle, 1908.djvu/34

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LA VILLE CHARNELLE

Vous ne m’atteindrez plus malgré votre vitesse !
Vous ne franchirez pas les murailles charnelles !
Vous avez beau hennir ; j’ai bouché mes oreilles !
Mieux encore, mes oreilles sont déjà assourdies
par le rose murmure de sa voix souterraine,
tels de frais coquillages qu’emplit le chant des mers.

Ô rage de creuser ma tombe en sa chair bleue !
Oh ! loin de toi, bien loin de toi, Soleil
qui me guettes en plein ciel !
Car j’entends sans te voir le bruit que font tes ailes
frappant aux parois du Zénith !
Je ne crains plus la bouche de l’horizon glouton,
qui voudrait m’avaler d’une seule lampée !
Ô Soleil envieux, affolé de grandeurs,
esclave travesti en l’absence du maître,
j’ai déjà oublié tes grands gestes brutaux,
tes regards et tes cris plus lourds que des marteaux.
Je veux creuser ici ma fosse et mon berceau !