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Page:Marinetti - La Ville charnelle, 1908.djvu/36

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LA VILLE CHARNELLE

plus vaste que mon âme en ce moment !…
Le monde est aboli ! Le désir est tué !
L’infini est comblé, puisque c’est toi le but !

Et pourtant c’est si doux de te faire du mal,
en te mordant comme un beau fruit,
pour te manger à pleine bouche,
pour boire les sanglots et les sursauts farouches
de ta liquide volupté !

Tu vois bien, je me tords de délice et d’extase
dans ton creux jaillissant et moelleux de source !
Je veux creuser ton sable avec mes dents, mes doigts,
toujours plus bas, plus loin, jusqu’à d’imperscrutables
profondeurs, pour savoir
et trouver le filon de la joie,
le filon merveilleux du bonheur métallique !

Malheur à moi ! Je sens le feu d’une blessure !
C’est le Soleil qui m’a mordu à la cheville !