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Page:Marinetti - La Ville charnelle, 1908.djvu/43

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LA VILLE CHARNELLE

Mais ils se roidissaient, par instants, en couronne,
à pic sur les villages crayeux et desséchés
qui ont l’air de pourrir ainsi que des cadavres
de vieux saints foudroyés, à la merci des hyènes.

Ô grands essors de pigeons blancs, qui tournoyez
sur les villages élastiquement,
comme de démentes auréoles,
le laboureur arabe vous permet de descendre
le soir, pour picorer à loisir dans ses prés !
Et vous pouvez couvrir de neiges illusoires
la verdeur poussiéreuse des champs d’orge et de blé !

Qu’importe si les fientes que vous déposerez
ne valent pas le blond épi que vous volez !
Nous creusons comme lui, la fosse et le sillon
sous le vol tournoyant des rêves affamés,
qui ne rendront jamais ce qu’ils ont picoré
dans les fraîches prairies de notre belle enfance !