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Page:Marinetti - La Ville charnelle, 1908.djvu/56

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LA VILLE CHARNELLE

Tiens-toi en équilibre sur ce rayon de lune !
Lance-toi donc sur le tremplin de la marée !
Ô mon âme, bondis de vague en vague,
toujours plus loin,
toujours plus haut jusqu’aux nuages,
jusqu’au volant trapèze de ce grand vent gymnaste !
Ouvre ton cœur fumeux comme un grand port,
aux belles voiles des idées inconnues !
Inonde tout le ciel de ta faveur sentimentale !…
Debout, mon rêve, et chante !… Oh ne me trahis pas…

Ô mon génie, prends garde à toi ! Lève tes yeux…
Ces astres immobiles sont les clous implacables
qui tiennent suspendues en croix les âmes lâches,
tombées à mi-chemin de leur essor !

Ne tourne point la tête ! Enivre-toi de sel marin
et de cris de mouettes !
Hâte-toi de héler cette barque de nègres,