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Page:Marinetti - La Ville charnelle, 1908.djvu/59

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LA VILLE CHARNELLE

va cherchant une source impossible !

Ô Ville de luxure éternelle et divine,
il n’est plus que la mort pour celui qui osa
se pencher sur tes seins pour regarder ailleurs !
Je ne veux point bâtir mon tombeau sur les cimes,
ni pavoiser d’orgueil mon banal suicide !
Tu me vois terrassé par le poids de mon crime !…
J’ouvre mes veines avec mes ongles acérés,
pour mourir à tes pieds comme une humble victime !

Un de plus, voilà tout, offert en holocauste !
Un cœur de plus pareil aux autres et plus vil qu’eux !
Un chien de plus broyé par les pesants chariots
qui viendront apporter les baumes asiatiques,
dont se parfumeront miraculeusement
tes abondants cheveux impurs…
quand demain, pour te plaire, le Soleil ton eunuque,
surgissant tout à coup de sa couche profonde,