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Page:Marinetti - La Ville charnelle, 1908.djvu/68

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LA VILLE CHARNELLE

Elle a bon flair, chasse de race, la svelte Lune
qui vagabonde et s’élance avec grâce
aux profondeurs giboyeuses du firmament,
en suivant les divines perdrix sidérales.
Elle enjambe l’immense et poudreuse Voie Lactée !…
Où se sont-elles donc cachées ? Oh ! les sournoises !
La Lune est immobile,
le nez au vent, comme en extase,
tendue vers leur gazouillement de source fraîche !…
Elle descend de la montagne
par saccades légères,
en suivant la piste adamantine des Étoiles,
sur les zigzags éblouissants de ce sentier.
La voyez-vous bondir et rebondir
comme une balle en caoutchouc, et puis plonger,
étincelante et fine comme un poignard,
dans la touffeur des bois ?
Disparue ?… Non ! La revoilà…
Oh ! qu’elle s’amuse à gambader dans les vergers,