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Page:Marinetti - La Ville charnelle, 1908.djvu/72

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LA VILLE CHARNELLE


les vignes folles, en chœur.

Ah ! bah ! fi des Cyprès !
Filons, ô mes compagnes ! Vite, à la débandade,
courons sur le versant de la montagne !…
Nous vous quittons, Cyprès !
et que le diable vous enfourne
aux gueules de l’enfer !…
Nous en avons assez de vos voix de chouette,
de vos marmonnements haineux contre la brise !…
Vos bouches qui se ferment ainsi que des bréviaires
ont des odeurs de cendre et de tabac et de résine !
Et vos yeux de hiboux, nous les sentons sur nous
vrillants et embrasés ainsi que des tisons,
vos yeux ronds nichés sous vos frocs symétriques !

Joie des Joies !… Viennent donc les Vendangeurs élus,
car nous ne voulons pas mourir avant d’avoir
pleuré tout notre amour sous des dents inconnues !…