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Page:Marinetti - La Ville charnelle, 1908.djvu/74

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LA VILLE CHARNELLE

qui s’ouvre en éventail d’arômes sur la terre.
Son bras gauche est levé pour mieux équilibrer
sur sa tête azurine une blanche corbeille
bondée de fruits vermeils et de fraîches salades.
C’est l’Aurore aux longs cils qui s’avance en liesse !…

Beaux Vendangeurs aux joues tannées,
vous voulez donc presser nos corps entre vos bras
que vous mettez à nu, musclés comme des arbres,
sur vos larges poitrines dans le frisson rieur
de la lumière heureuse… quand le Soleil éclate enfin,
à l’horizon, comme une ruche crevée par la chaleur.

Beaux Vendangeurs aux dents de loup,
vous marchez à pieds nus sur les cailloux qui flambent.
Venez. Entrez chez nous. L’Aurore est déjà là !
Elle est entrée sans même ouvrir la claie du vignoble ;
puis saluant l’une après l’autre d’un sourire,
l’Aurore s’est assise parmi nous sans mot dire…