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Page:Marinetti - La Ville charnelle, 1908.djvu/77

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LES VIGNES FOLLES

quand ils célèbrent, en buvant, mes rouges funérailles.

La Lune s’en alla mourir comme une chienne
dans le brouillard, museau broyé, gorge béante…
C’est le sort de tous ceux qui veulent se servir
de pattes aussi fines et souples que rayons,
pour grimper jusqu’aux nues avec des goûts de chèvre,
au lieu de s’en aller chasser élégamment
les nuages craintifs qui fuient comme des lièvres
dans la rase campagne d’un ciel ultramarin.

Et les Cyprès bourrus furent écartelés
par les gais Vendangeurs, qui tordirent
et disloquèrent leurs rameaux funéraires.
Les voilà mis en croix en guise d’échalas,
qui fléchiront un jour, ainsi que des divans
sous le poids des amours des Vignes qui naîtront.
C’est bien là le destin des moines acariâtres
qui veulent enfermer des filles dans un cloître !