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Page:Marinetti - La Ville charnelle, 1908.djvu/84

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LA VILLE CHARNELLE

se couchent, ventre au ras des flots,
et galopent devant elles, farouchement, vers la Nuit.
Les flots bondissent, gueule béante,
comme des chiens ensanglantés,
et leur mordent les seins.
Mais les voiles s’en vont
insouciantes et légères
loin du carnage éphémère
des nuages à l’horizon.

C’est l’heure où les Ténèbres creusent
gravement des cercueils,
dans la pierraille des flots !…
Sous le grand ciel épuisé de lumière et d’espoir,
parmi de volantes pelletées d’eau noire,
les Ténèbres creusent leurs cercueils, en chantant,
d’acides cantilènes d’acier miroitant.
Les voiles s’esquivent
craintives et violettes,