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Page:Marinetti - La Ville charnelle, 1908.djvu/89

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LA VIE DES VOILES

parmi le ronflement formidable des eaux…
« Hissa-ho ! Hissa-ho ! »
Et les voix rauques sonnent ainsi que des marteaux !

Enfin, à la nuit pleine,
parmi le vol fougueux des astres délivrés,
à sec sur le rivage, montrant leur quille vaine,
les voiles sont figées…
Les voiles abattues marmonnent et se lamentent
comme des mendiantes lasses,
écroulées sur le seuil poudreux des cathédrales.
Épuisées de voyages, de rêves et d’espoir,
les voiles dressent tranquillement au ciel
leur beaupré noir tout musclé de cordages,
comme un immense bras,
pour implorer l’aumône d’une étoile !