Aller au contenu

Page:Marinetti - La Ville charnelle, 1908.djvu/93

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

LE DIRECTEUR S’AMUSE

Par ce minuit d’été le village accroupi
dort sous le plafond bas des nuages pesants,
verrous tirés, entre les murs énormes des montagnes
cachant ses yeux sous l’édredon informe du silence
que rogne sourdement le cricri des grillons.
Oh ! depuis quand l’aube lunaire a-t-elle filé
dans un coin son immense toile d’araignée ?

Par ce minuit brûlant de Juin, où la campagne
a des relents de four et de buanderie…
par ce minuit brûlant où les pucelles du village
rêvent d’amour, tels des colis, sous leurs gros draps
de toile d’emballage, dans le creux de leurs lits