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Page:Marinetti - La Ville charnelle, 1908.djvu/96

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LA VILLE CHARNELLE

à bousculer ainsi les casseroles du clocher ?

la lune

— C’est pour te rappeler la noire souricière
de la mort qui t’attend, mon petit rat !…
Mais je n’ai qu’à montrer ma tête transparente
de veilleuse argentée pour calmer sa colère.
Et je l’entends déjà ronronner bruyamment
en feignant de dormir pour tromper les échos
et les chiens nostalgiques de distance en distance.

Et la Lune en silence m’enjambe avec souplesse
tout simplement comme on déplace une chandelle.
Pour mieux la cajoler en me glissant près d’elle
je me retourne… et vlan !… je m’éveille en sursaut
dans l’eau du ruisselet.
La Lune ?… Oh ! la pauvrette !
La Lune est toute ensanglantée !…
Elle était donc pucelle ! C’est étrange, après tant