Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 1.djvu/182

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Et vous verrez, Seigneur, Flaminius souscrire
Aux doux tempéraments que le ciel vous inspire.

PRUSIAS

Mais si l’ambassadeur le poursuit, Hiéron ?

HIERON

Eh ! Seigneur, éloignez ce scrupuleux soupçon :
Des fautes du hasard êtes-vous responsable ?
Mais le voici.

PRUSIAS

Grands dieux ! sa présence m’accable.
Je me sens pénétré de honte et de douleur.

HIERON

C’est la faute du sort, et non de votre cœur.


Scène II

PRUSIAS, ANNIBAL, HIÉRON


PRUSIAS

Enfin voici le temps de rompre le silence
Qui porte votre esprit à tant de méfiance ?
Depuis que dans ces lieux vous êtes arrivé,
Seigneur, tous mes serments vous ont assez prouvé
L’amitié dont pour vous mon âme était remplie,
Et que je garderai le reste de ma vie.
Mais un coup imprévu retarde les effets
De ces mêmes serments que mon cœur vous a faits.
De toutes parts sur moi mes ennemis vont fondre ;
Le sort même avec eux travaille à me confondre,
Et semble leur avoir indiqué le moment
Où leurs armes pourront triompher sûrement.