Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 1.djvu/218

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toujours disant : je vous adore ; toujours vous regardant avec passion ; toujours exigeant que vous le regardiez de même ? Le moyen de soutenir cela ? Peut-on sans cesse dire : je vous aime ? On en a quelquefois envie, et on le dit ; après cela l’envie se passe, il faut attendre qu’elle revienne.

LISETTE

Mais enfin, épouserez-vous le campagnard ?

MADEMOISELLE ARGANTE

Non, je ne saurais souffrir la campagne, et j’aime mieux Dorante, qui ne quittera jamais Paris. Après tout, il ne m’ennuie pas toujours, et je serais fâchée de le perdre.

LISETTE

Je vois Pierrot qui revient bien intrigué.


Scène V

MADEMOISELLE ARGANTE, LISETTE, MAÎTRE PIERRE


LISETTE

Où est Dorante ?

MAÎTRE PIERRE

Hélas ! il est en chemin pour venir ici ; et moi, Mademoiselle Argante, je vians pour vous dire que ce garçon-là n’a pas encore trois jours à vivre.

MADEMOISELLE ARGANTE

Comment donc ?

MAÎTRE PIERRE

Oui, et s’il m’en veut croire, il fera son testament