Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 1.djvu/223

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MADEMOISELLE ARGANTE

Me voilà, mon père.

MONSIEUR ARGANTE

Avez-vous dessein de me jouer ?

MADEMOISELLE ARGANTE

Qu’avez-vous donc ? Vous m’appelez, je vous réponds ; vous vous fâchez, je vous laisse faire. De quoi s’agit-il ? expliquez-vous. Je suis là, vous me voyez, je vous entends, que vous plaît-il ?

MONSIEUR ARGANTE

En vérité, sais-tu bien que si on t’écoutait, on te prendrait pour une folle ?

MADEMOISELLE ARGANTE

Eh ! eh ! eh !…

MONSIEUR ARGANTE

Eh ! Eh ! il n’est pas question, d’en rire, cela est vrai.

MADEMOISELLE ARGANTE

J’en pleurerai, si vous le jugez à propos. Je croyais qu’il en fallait rire, je suis dans la bonne foi.

MONSIEUR ARGANTE

Non : il faut m’écouter.

MADEMOISELLE ARGANTE

le salue.

C’est bien de l’honneur à moi, mon père.

MONSIEUR ARGANTE

Qu’on a de peine avec les enfants !

MADEMOISELLE ARGANTE

Eh ! vous ne vous vantez de rien ; mais je crois que vous n’en avez pas mal donné à mon grand-père : vous étiez bien sémillant.