Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 1.djvu/297

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LE POÈTE

Pour être loué, et admiré même, si vous voulez.

BLECTRUE

Vous aimiez donc bien la louange ?

LE POÈTE

Eh mais, c’est une chose très gracieuse.

BLECTRUE

J’aurais cru qu’on ne la méritait plus quand on l’aimait tant.

LE POÈTE

Ce que vous dites là peut se penser.

BLECTRUE

Eh ! quand on vous admirait, et que vous croyiez en être digne, alliez-vous dire aux autres : je suis un homme admirable ?

LE POÈTE

Non, vraiment ; cela ne se dit point : j’aurais été ridicule.

BLECTRUE

Ah ! j’entends. Vous cachiez que vous étiez un ridicule, et vous ne l’étiez qu'incognito.

LE POÈTE

Attendez donc, expliquons-nous ; comment l’entendez-vous ? je n’aurais donc été qu’un sot, à votre compte ?

BLECTRUE

Un sot admiré ; dans l’éclaircissement, voilà tout ce qu’on y trouve.

LE POÈTE

, étonné.

Il semblerait qu’il dit vrai.