Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 1.djvu/300

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une volaille qu’on va mener vendre à la vallée. Mettez-moi donc plutôt dindon de basse-cour.

BLECTRUE

Ne tient-il qu’à vous ouvrir votre cage pour vous rendre content ? tenez, la voilà ouverte.

BLAISE

Ah ! pargué, faut que vous radotiez, vous autres, pour nous enfarmer. Allons, de quoi s’agit-il ?

BLECTRUE

Vous n’êtes, dit-on, devenus petits qu’en entrant dans notre île. Cela est-il vrai ?

BLAISE

Tenez, velà l’histoire de noute taille. Dès le premier pas ici, je me suis aparçu dévaler jusqu’à la ceinture ; et pis, en faisant l’autre pas, je n’allais pus qu’à ma jambe ; et pis je me sis trouvé à la cheville du pied.

BLECTRUE

Sur ce pied-là, il faut que vous sachiez une chose.

BLAISE

Deux, si vous voulez.

BLECTRUE

Il y a deux siècles qu’on prit ici de petites créatures comme vous autres.

BLAISE

Voulez-vous gager que je sommes dans leur cage ?