Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 1.djvu/313

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FONTIGNAC

Cé n’est point lé corps qué j’empoisonnais, jé faisais mieux.

BLAISE

C’est peut-être les rivières ?

FONTIGNAC

Non : pis qué tout céla.

BLAISE

Eh ! morgué, parlez vite.

FONTIGNAC

C’est l’esprit des hommes qué jé corrompais ; jé les rendais avugles ; en un mot, j’étais un flattur.

BLAISE

Ah ! patience ; car d’abord voute poison avait bian mauvaise meine ; mais ça est épouvantable, et je sis tout escandalisé.

FONTIGNAC

Jé mé détesté. Imaginez-vous qué du ridiculé dé mon maîtré, il en a plus dé moitié dé ma façon.

BLAISE

Faut bian soupirer de cette affaire-là.

FONTIGNAC

J’en respiré à peine.

BLAISE

Vous allez donc hausser.

FONTIGNAC

Jé n’en douté pas à cé qué jé sens. Suivez-moi, jé veux qué lé prodigé éclaté aux yeux de Spinetté et dé mon maîtré. N’attendons pas, courons ; jé suis pressé.