Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 1.djvu/318

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FONTIGNAC

Né comptez pas l’estimé dé ces fous.

LE MÉDECIN

Mais faudra-t-il que je demeure éloigné de chez moi, pauvre, et sans avoir de quoi vivre ?

BLAISE

Taisez-vous donc, gourmand. Est-ce que la pitance vous manque ici ?

LE MÉDECIN

Non ; mais mon bien, que deviendra-t-il ?

BLAISE

Queu pauvreté avec son bian ! c’est comme un enfant qui crie après sa poupée. Tenez, un pourpoint, des vivres et de la raison, quand un homme a ça, le velà garni pour son été et pour son hivar ; le voilà fourré comme un manchon. Vous varrez, vous varrez.

SPINETTE

Dites-lui ce qu’il faut qu’il fasse pour redevenir comme il était.

BLAISE

Voulez-vous que ce soit moi qui le traite ?

FONTIGNAC

Sans douté ; l’honnur vous appartient ; vous êtes lé doyen dé tous.

BLAISE

Eh ! morgué, pus d’honneur, je n’en voulons pus tâter ; et je sais bian que je ne sis qu’un pauvre réchappé des Petites-Maisons.