Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 1.djvu/69

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En vous remarcissant de votre traitement.

CRISPIN

Vous me comblez d’honneur ; je voudrais que ma fille
Pût, dans la suite, Ariste, unir notre famille.
On nous a fait de vous un si sage récit.

ARISTE

Je ne mérite pas tout ce qu’on en a dit.

MAÎTRE JACQUES

Palsangué ! Qu’ils feront tous deux un beau carrage
Je ne sais pas au vrai si la fille est bian sage ;
Mais, margué, je m’en doute.

CRISPIN

Il ne me sied pas bien
De la louer moi-même et d’en dire du bien.
Vous en pourrez juger, elle est très vertueuse.

MAÎTRE JACQUES

Biau-père, dites-moi, n’est-elle pas rêveuse ?

CRISPIN

Monsieur sera content s’il devient son époux.

ARISTE

C’est, je l’ose assurer, mon souhait le plus doux ;
Et quoique dans ces lieux j’aie fait ma retraite…

MAÎTRE JACQUES

, vite.

C’est qu’en ville autrefois sa fortune était faite.
Il était emplouyé dans un très grand emploi ;
Mais on le rechercha de par Monsieur le Roi.
Il avait un biau train ; quelques farmiers venirent ;
Ah ! Les méchants bourriaux ! Les farmiers le forcirent
À compter. Ils disiont que Monsieur avait pris