Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 1.djvu/72

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Allez, petit ingrat, vous méritez ma haine.
Je ferai désormais la fière et l’inhumaine.

ARISTE

Je n’y comprends plus rien.

TOINETTE

Tourne vers moi les yeux,
Et vois combien les miens sont tendres amoureux.
Ha ! que pour toi déjà j’ai conçu de tendresse !
Ô trop heureux mortel de m’avoir pour maîtresse !

ARISTE

Dans quel égarement…

TOINETTE

Vous ne me dites mot !
Je vous croyais poli, mais vous n’êtes qu’un sot.
Moi, devenir sa femme ! ha, ha, quelle figure !
Marier un objet, chef-d’œuvre de nature,
Fi donc ! Avec un singe aussi vilain que lui !

ARISTE

, bas.

La guenon !

TOINETTE

Cher papa, non, j’en mourrais d’ennui.
Je suis, vous le savez, sujette à la migraine ;
L’aspect de ce magot la rendrait quotidienne.
Que je le hais déjà ! je ne le puis souffrir.
S’il devient mon époux, ma vertu va finir ;
Je ne réponds de rien.

ARISTE

Quelle étrange folie !

CRISPIN

Son humeur est contraire à la mélancolie.