Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 2.djvu/167

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ROSIMOND

Très curieux ! Comment donc ! mais elle a des expressions : ta maîtresse a-t-elle autant d’esprit que toi, Marton ? De quelle humeur est-elle ?

MARTON

Oh ! d’une humeur peu piquante, assez insipide, elle n’est que raisonnable.

ROSIMOND

Insipide et raisonnable, il est parbleu plaisant : tu n’es pas faite pour la province. Quand la verrai-je, Frontin ?

FRONTIN

Monsieur, comme je demandais si vous pouviez la voir dans une heure, elle m’a dit qu’elle n’en savait rien.

ROSIMOND

Le butor !

FRONTIN

Point du tout, je vous rends fidèlement la réponse.

ROSIMOND

Tu rêves ! il n’y a pas de sens à cela. Marton, tu y étais, il ne sait ce qu’il dit : qu’a-t-elle répondu ?

MARTON

Précisément ce qu’il vous rapporte, Monsieur, qu’elle n’en savait rien.

ROSIMOND

Ma foi, ni moi non plus.

MARTON

Je n’en suis pas mieux instruite que vous. Adieu, Monsieur.