Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 2.djvu/177

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HORTENSE

S’il va me demander ce que je pense de Rosimond, il m’embarrassera beaucoup, car je ne veux pas lui dire qu’il me déplaît, et je n’ai jamais eu tant d’envie de le dire.



Scène X

HORTENSE, CHRISANTE


CHRISANTE

Ma fille, je désespère de voir ici mon frère, je n’en reçois point de nouvelles, et s’il n’en vient point aujourd’hui ou demain au plus tard, je suis d’avis de terminer votre mariage.

HORTENSE

Pourquoi, mon père, il n’y a pas de nécessité d’aller si vite. Vous savez combien il m’aime, et les égards qu’on lui doit ; laissons-le achever les affaires qui le retiennent ; différons de quelques jours pour lui en donner le temps.

CHRISANTE

C’est que la Marquise me presse, et ce mariage-ci me paraît si avantageux, que je voudrais qu’il fût déjà conclu.

HORTENSE

Née ce que je suis, et avec la fortune que j’ai, il serait difficile que j’en fisse un mauvais ; vous pouvez choisir.

CHRISANTE

Eh ! comment choisir mieux ! Biens, naissance,