Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/101

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ma mère n’avait pas eu le temps de s’arranger, qu’elle n’emmenait qu’une de ses femmes avec elle, il avait été conclu que trois jours après je viendrais plus à l’aise et dans un bon équipage avec ses autres femmes, et il n’y avait rien à redire à cela. Mme de Tresle, à qui on avait promis de me porter chez elle la veille de notre départ, et qui vit qu’on n’en avait rien fait, allait envoyer au château pour savoir ce qui avait empêché qu’on ne lui eût tenu parole, quand on lui annonça la concierge, qui lui dit que j’étais restée, que les femmes de ma mère m’avaient trouvée si malade qu’elles n’avaient pas osé me mettre en voyage, et m’avaient laissée chez elle ; qu’en cela elles avaient obéi aux ordres de Mme la marquise, qui avait expressément défendu qu’on risquât de me faire partir, au cas de quelque indisposition, et que j’étais actuellement au lit avec un grand rhume et une toux très violente.

Et c’est à vous à qui on l’a confiée ? répondit Mme de Tresle, qui lui tourna le dos, et qui dès le soir même me fit transporter chez elle, où j’arrivai parfaitement guérie de ce rhume et de cette toux qu’on avait allégués, et que ma mère avait, dit-on, imaginés pour n’avoir pas l’embarras de me mener avec elle, bien persuadée d’ailleurs que Mme de Tresle ne souffrirait pas que je fisse un long séjour chez la concierge, et ne manquerait pas de m’en retirer. Aussi cette dame lui en écrivit-elle dans ce sens-là, de la manière du monde la plus vive.

Vous avez tant aimé M. de Tervire, vous l’avez