Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/139

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dévotion et de ses infirmités, était devenue maigre, pâle, sérieuse et austère.

Cet homme, comme je vous le dépeins, languissant, à demi mort, d’ailleurs garçon et fort riche, qui, comme je vous l’ai dit, ne m’avait vue que deux fois, à travers ses langueurs et son intérieur triste et mortifié, avait pris garde que j’étais jolie et bien faite.

Et comme il savait que je n’avais point de fortune, que ma mère, qui était outrée de ce que je n’avais pas pris le voile, ne demanderait pas mieux que de se défaire de moi ; qu’on lui disait d’ailleurs que, malgré mon inconstance passée dans l’affaire de ma vocation, je ne laissais pas cependant que d’avoir de la sagesse et de la douceur, il se persuada, puisque je manquais de bien, que ce serait une bonne œuvre que de m’aimer jusqu’à m’épouser, qu’il y aurait de la piété à se charger de ma jeunesse et de mes agréments, et à les retirer, pour ainsi dire, dans le mariage. Ce fut dans ce sens-là qu’il en parla à Mme de Sainte-Hermières.

Elle qui était bien aise de réparer l’affront que je lui