Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/161

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avait laissé pour le moins autant de curiosité que d’étonnement à ceux qui avaient entendu ce que Mme de Sainte-Hermières avait dit en le remettant à M. Villot ; et voici à peu près et en peu de mots ce qu’il contenait :

« Prête à paraître devant Dieu, et à lui rendre compte de mes actions, je déclare à M. le baron de Sercour qu’il ne doit rien imputer à Mlle de Tervire de l’aventure qui s’est passée chez moi, et qui a rompu son mariage avec elle. C’est moi et une autre personne (qu’elle ne nommait point) qui avons faussement supposé qu’elle avait de l’inclination pour le neveu de M. le baron. Ce rendez-vous que nous avons dit qu’elle lui avait donné la nuit dans sa chambre ne fut qu’un complot concerté entre cette autre personne et moi, pour la brouiller avec M. de Sercour. Je meurs pénétrée de la plus parfaite estime pour la vertu de Mlle de Tervire, à qui je n’ai nui que dans la crainte du tort que cette autre personne menaçait de me faire à moi-même, si j’avais refusé d’être complice. »

Il me serait impossible de vous exprimer tout ce que cet écrit me donna de consolation, de calme et de joie ; vous en jugerez par l’excès de l’infortune où j’avais langui.

M. Villot alla sur-le-champ lire et montrer ce papier partout, et d’abord à M. de Sercour, qui partit aussitôt pour venir me voir et me faire des excuses.

Enfin, tout le monde revint à moi ; les visites ne finissaient point, c’était à qui me verrait, à qui m’aurait,