Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/175

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ne triomphait d’elles ; au contraire, j’ignorais autant que je pouvais les préférences qu’on me donnait, je les écartais, je, ne les voyais point, je passais pour ne les point voir ; je souffrais même pour mes compagnes qui les voyaient, quoique je fusse bien aise que les autres les vissent ; c’est une puérilité dont je me souviens encore ; mais comme il n’y avait que moi qui la savais, que mes amies ne me croyaient pas instruite de mes avantages, cela les adoucissait ; c’était autant de rabattu sur leur mortification, et nous n’en vivions pas plus mal ensemble.

Tout le monde m’aimait, au reste. Elle est plus aimable qu’une autre, disait-on, et il n’y a qu’elle qui ne s’en doute pas. On ne parlait que de cela à Mme Dursan ; partout où nous allions, on ne l’entretenait de moi que pont me louer, et on témoignait que c’était de bonne foi, par l’accueil et les caresses qu’on me faisait.

Il est vrai que j’étais née douce, et qu’avec le caractère que j’avais, rien ne m’aurait plus inquiétée que de me sentir mal dans l’esprit de quelqu’un.

Mme Dursan, que j’aimais de tout mon cœur, et qui en était convaincue, recueillait de son côté tout le bien qu’on lui disait de moi, en concluait qu’elle avait