Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/184

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côté-là, pour savoir de quoi il était question, et je vis que c’était le garde de Mme Dursan, avec un de ses gens, qui querellaient un jeune homme, qui semblaient avoir envie de le maltraiter, et tâchaient de lui arracher un fusil qu’il tenait.

Je me sentis un peu émue du ton brutal et menaçant dont ils lui parlaient, aussi bien que de cette violence qu’ils voulaient lui faire, et je m’avançai le plus vite que je pus, en leur criant de s’arrêter.

Plus j’approchai d’eux, et plus leur action me déplut ; c’est que j’en voyais mieux le jeune homme en question, qu’il était en effet difficile de regarder indifféremment, et dont l’air, la taille et la physionomie me frappèrent, malgré l’habit tout uni et presque usé dont il était vêtu.

Que faites-vous donc là, vous autres ? dis-je alors avec vivacité à ces brutaux quand je fus près d’eux. Nous arrêtons ce garçon-ci qui chasse sur les terres de madame, qui a déjà tué du gibier, et que nous voulons désarmer, me répondit le garde avec toute la confiance d’un valet qui est charmé d’avoir droit de faire du mal.

Le jeune homme, qui avait ôté son chapeau d’un air fort respectueux dès que je m’étais approchée,