Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/185

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jetait de temps en temps sur moi des regards et modestes et suppliants, pendant que l’autre parlait.

Laissez, laissez aller monsieur, dis-je après au garde, qui ne l’avait appelé que ce garçon, et dont je fus bien aise de corriger l’incivilité. Retirez-vous, ajoutai-je ; il est sans doute étranger, et n’a pas su les endroits où il pouvait chasser.

Je ne faisais que traverser pour aller ailleurs, mademoiselle, me répondit-il alors en me saluant, et ils ont tort de croire que j’ai tiré sur la terre de leur dame, et plus encore de. vouloir désarmer un homme qu’ils ne connaissent point, qui, malgré l’état où ils le voient, n’est pas fait, je vous assure, pour être maltraité par des gens comme eux, et sur lequel ils ne se sont jetés que par surprise.

À ces mots, le garde et son camarade insistèrent pour me persuader qu’il ne méritait point de grâce, et continuèrent de l’apostropher désagréablement ; mais je leur imposai silence avec indignation.

En arrivant, je ne les avais trouvés que brutaux ; et depuis qu’il avait dit quelques paroles, je les trouvais insolents. Taisez-vous, leur dis-je, vous parlez mal ; éloignez-vous, mais ne vous en allez pas.