Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/188

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est juste d’ailleurs que la dame dont vous parlez ait le temps de l’examiner ; ainsi, mademoiselle, permettez que je vous la laisse.

La subite franchise de ce procédé me surprit un peu, me plut, et me fit rougir, je ne sais pourquoi. Cependant je refusai d’abord de me charger de cette bague, et le pressai de la reprendre. Non, mademoiselle, me dit-il encore en me saluant pour me quitter ; il vaut mieux que vous l’ayez dés aujourd’hui, afin que vous puissiez la montrer. Et là-dessus il partit, pour abréger la contestation.

Je m’arrêtai à le regarder pendant qu’il s’éloignait, et je le regardais en le plaignant, en lui voulant du bien, en aimant à le voir, en ne me croyant que généreuse.

Le garde et son camarade étaient restés dans l’allée, à trente ou quarante pas de nous, comme je leur avais ordonné, et je les rejoignis.

Si vous retrouviez aujourd’hui ou demain ce jeune homme chassant encore ici, leur dis-je, je vous défends, de la part de Mme Dursan, de l’inquiéter davantage ; je vais avoir soin qu’elle vous le défende elle-même. Et puis je rentrai dans le château, l’esprit toujours plein de ce jeune homme et de sa décence, de ses