Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/202

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d’approuver, qu’elle trouvera touchante, qui l’est en effet, qui ne manquera pas de l’attendrir, et qui l’aura mise hors d’état de nous résister quand elle en sera instruite. On ne doit point rougir d’ailleurs de tenir lieu de femme de chambre à une belle-mère irritée qui ne vous a jamais vue, quand ce n’est qu’une adresse pour désarmer sa colère.

À peine eus-je ouvert cet avis qu’ils s’y rendirent tous, et que leurs remerciements recommencèrent ; ce que je proposais marquait, disaient-ils, tant de franchise, tant de zèle et de bonne volonté pour eux, que leur étonnement ne finissait point.

Dès demain, dans la matinée, dit la dame qui était leur amie et la mienne, je mène Mme Dursan à sa belle-mère ; heureusement que tantôt elle m’a demandé si je ne savais pas quelque personne raisonnable qui pût remplacer la le Fèvre. Je lui ai même promis de lui en chercher une, et je vous arrête pour elle, dit-elle en riant à Mme Dursan, qui était charmée de ce que j’avais imaginé, et qui répondit qu’elle se tenait pour arrêtée.

Nous entendîmes alors quelques domestiques qui étaient dans l’allée de l’avenue ;, nous craignîmes, ou qu’ils ne nous vissent, ou que ma tante ne leur eût dit d’aller voir, pourquoi je ne revenais pas, et nous jugeâmes à propos de nous séparer, d’autant plus qu’il nous suffisait d’être convenus de notre dessein, et qu’il nous serait aisé d’en régler l’exécution suivant les occurrences, et de nous concilier tous les jours ensemble, quand une fois l’affaire serait entamée.