Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/226

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étrangère, qu’elle aimait à la vérité, mais sans la connaître et sous un autre nom.

Cependant ma tante regardait toujours le jeune Dursan avec complaisance, et ne retirait point sa main qu’il avait prise.

Lève-toi, mon enfant, lui dit-elle à la fin ; je n’ai rien à te reprocher, à toi. Hélas ! comment te résisterais-je, moi qui n’ai pas tenu contre ton père ?

Ici, les caresses du jeune homme et nos larmes de joie redoublèrent.

Mon fils, dit-elle après en s’adressant au malade, est-ce qu’il n’y a pas moyen de vous guérir ? Qu’on lui cherche partout du secours, nous avons des médecins dans la ville prochaine ; qu’on les fasse venir, et qu’on se hâte.

Mais, ma tante, lui dis-je alors, vous oubliez encore une personne qui est chère à vos enfants, qui nous intéresse tous, et qui vous demande la permission de se montrer.

Je t’entends, dit-elle. Eh bien ! je lui pardonne ! Mais je suis âgée, ma vie ne sera pas encore bien longue, qu’on me dispense de la voir. Il n’est plus temps, ma tante, lui, dis-je alors ; vous l’avez déjà vue, vous la connaissez, Brunon vous le dira.

Moi, je la connais ! reprit-elle ; Brunon dit que je l’ai vue ? Eh ! où est-elle ? À vos pieds, répondit Dursan le fils. Et celle-ci à l’instant venait de s’y jeter.

Ma tante, immobile à ce nouveau spectacle, resta quelque temps sans prononcer un mot, et puis tendant