Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/229

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fils, qui n’étaient ni l’un ni l’autre remontés chez elle.

Je ne revois ni Dursan ni sa mère, me dit-elle un quart d’heure après que Dursan le père eut expiré. Ne me cache rien ; est-ce que je n’ai plus de fils ? Je ne lui répondis pas, mais je pleurai. Dieu est le maître, continua-t-elle tout de suite sans verser une larme, et avec une sorte de tranquillité qui m’effraya, que je trouvai funeste, et qui ne pouvait venir que d’un excès de consternation et de douleur.

Je ne me trompais pas. Ma tante fut plus mal de jour en jour ; rien ne put la tirer de la mélancolie dans laquelle elle tomba. La fièvre la prit et ne la quitta plus.

Je ne vous dis rien de l’affliction de Mme Dursan et de son fils. La première me fit pitié, tant je la trouvai accablée. Le testament qui déshéritait son mari n’était pas encore révoqué ; peut-être appréhendait-elle que ma tante ne mourût sans en faire un autre, et ce n’aurait pas été ma faute, je l’en avais déjà pressée plusieurs fois, et elle me renvoyait toujours au lendemain.

Mme Dorfrainville, qui lui en avait parlé aussi, passa trois ou quatre jours avec nous ; le matin du jour de son départ, nous insistâmes encore l’une et l’autre sur le testament.

Ma nièce, me dit alors ma tante, allez prendre une petite clef à tel endroit ; ouvrez cette armoire et apportez-moi un paquet cacheté que vous verrez à l’entrée. Je fis ce qu’elle me disait ; et dès qu’elle eut le paquet :